le Damier n’est pas échec et mat !
Premier résultat positif pour le projet
Et voilà ! En ce début juin 2010, les premiers Damiers de la succise, un de nos papillons emblématiques, ont été observés sur plusieurs sites restaurés par le projet. Dans certains cas, ils furent détectés sur des chemins forestiers élargis antérieurement par le Département de la Nature et de la Forêt (DNF), mais nous en avons également trouvés sur des zones rouvertes par nos agents durant l’hiver dernier, parfois à plus d’un kilomètre des zones noyaux. Quelle satisfaction de voir aussi rapidement des résultats tangibles. Nous pouvons donc annoncer que ces observations sont un premier résultat positif et, espérons-le, le premier d’une longue série de recolonisation !
Il faut avouer que nous ne sommes pas trop surpris de ces premiers résultats car le nombre d’individus observés ce printemps sur les sites noyaux est d’ores et déjà exceptionnel. Ainsi, sur un de ces sites, plus de 360 exemplaires furent observés lors d’une seule sortie, ce qui est presque sept fois plus qu’en 2009. Cela se bouscule donc sur le site et il n’est donc pas étonnant que certains individus aillent voir ce qui se passe ailleurs !
Pourquoi une telle émergence cette année ?
Pour comprendre, il faut retourner en l’année 2009 qui nous avait gratifié d’une séquence climatique particulièrement favorable. Qui dit soleil, dit papillon, et la reproduction fut donc exceptionnelle, comme le confirma d’ailleurs le recensement des nids communautaires de chenilles sur les sites noyaux qui fournirent des chiffres trois à quatre fois supérieurs à l’année 2008.
Ces conditions favorables furent également confirmées lors de la campagne « Devine, qui papillonne au jardin ? » quand, en moyenne, trois fois plus de papillons furent observés dans les jardins des participants.
Ne nous réjouissons pas trop vite !
Nous attendions avec impatience le retour des beaux jours pour constater l’impact de cette année favorable sur les populations de Damier et les résultats dépassent toutes nos espérances. Cependant, il ne faut pas crier victoire trop vite car des conditions climatiques défavorables peuvent encore arriver … et détruire tous nos espoirs ! La Belgique est ainsi faite …
C’est aussi l’occasion de rappeler que ces bons chiffres ne signifient pas que la situation est maintenant sous contrôle. Il a en effet été démontré que des populations florissantes peuvent drastiquement diminuer en quelques années jusqu’à disparition complète et cela même si le milieu n’a fondamentalement pas été modifié. Plusieurs raisons peuvent expliquer ce phénomène troublant.
- D’une part, il est bien connu que la prolifération d’une espèce donnée est souvent accompagnée d’une prolifération temporellement décalée de ses parasites. Plus la densité d’une population augmente, plus le parasite, souvent spécifique à l’espèce, trouve les conditions favorables à sa propre reproduction. Déjà, ce printemps, nous avons eu l’occasion d’observer plusieurs chenilles parasitées et il est malheureusement certain que des populations de ce parasite continueront à se développer, jusqu’au déclin des populations de son hôte.
- D’autre part, des conditions climatiques défavorables aux moments clés du développement de l’espèce peuvent avoir également des conséquences très négatives sur les populations. Une succession de printemps pluvieux, tels que nous en avons connu entre 2005 et 2007, provoqua des extinctions complètes de certaines populations.
L’objectif principal du projet : des populations viables !
Ce dernier point nous permet aussi de rappeler l’objectif principal de notre projet : la restauration d’habitats favorables au Damier de façon telle que ceux-ci soient suffisamment proches les uns des autres afin de permettre des échanges réguliers. En effet, si les populations sont trop isolées et que suite au parasitisme ou à une période climatique défavorable, une de celles-ci disparait, il est alors certain qu’aucune recolonisation n’est possible à partir des populations résiduelles. Ces dernières populations isolées finiront elles-aussi par disparaître inexorablement. D’où l’intérêt de recréer des réseaux suffisamment denses de populations afin qu’un site perdu soit ultérieurement recolonisée par des individus issus d’une autre population proche.
L’intensification agricole que nous connaissons depuis une cinquantaine d’années a réduit les zones potentiellement favorables au Damier à la portion congrue au point que des études récentes ont démontré qu’aucune des populations encore existantes n’est viables à moyen et long terme. D’année en année, nous voyons d’ailleurs des populations s’éteindre, nous rapprochant encore plus de l’extinction totale de cette belle espèce en Wallonie. Espérons qu’il ne soit pas trop tard et que ce projet LIFE puisse d’abord stabiliser ces populations résiduelles et ensuite amorcer la reprise !
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